10/09/1932 : Amiral Dewey, Marjorie-Eileen, Clara F.

Photo. Michel Briand-Ozon

Au matin du 10 septembre 1932 le ciel était très gris et le vent soufflait assez fort du Nord-Est. Dans la rade de Saint-Pierre, il y avait au mouillage quatre goélettes anglaises, dont trois chargées de harengs et un grand chalutier espagnol le « Galerna ». Au milieu de la matinée, le vent augmenta d’intensité. Vers midi, c’était une véritable tempête et les goélettes « Amiral Dewey » et « Marjorie-Eileen » se rompirent. Les deux bateaux vinrent s’échouer dans l’anse à Rodrigue. La goélette « Marion-Mosher » chassant de plus en plus allait subir le même sort, quand son capitaine décida d’effectuer une manœuvre audacieuse qui fut un modèle du genre. Il fit virer la trinquette, ayant eu soin de placer un homme, une hache à la main prêt à exécuter son commandement. Quand le bateau qui faisait d’importantes embardées, abattit du bon bord, le capitaine cria à l’homme de trancher le câble. Ce qui fut fait en quelques secondes, car le câble était tendu comme une corde de violon. Le capitaine prit la barre en mains, et embouqua l’entrée du Barachois, qu’il franchit à une vitesse phénoménale. Il n’avait plus de câble, il ne pouvait donc plus mouiller. Connaissant fort bien le Barachois de Saint-Pierre, il dirigea son bateau à un endroit ou il y avait de la vase. Il s’y échoua sans occasionner la moindre avarie à son navire. De nombreux Saint-Pierrais applaudirent cette manœuvre qu’ils considéraient comme un véritable exploit.

Le capitaine et le second officier du chalutier espagnol étaient tous deux à terre et ils n’avaient pu, à cause du temps regagner leur navire. Il y avait comme seul officier à bord du « Galerna » un jeune officier de 20 ans. Celui-ci voyant son bateau « chasser » sur ses deux ancres, en menaçant d’aborder la dernière goélette, décida de partir au large. Il fit mettre la machine en avant, releva ses ancres et partit s’abriter dans la Baie de Fortune. La dernière goélette ne résista pas longtemps au mouillage. Son câble se rompit et elle vint rejoindre les deux autres dans l’Anse à Rodrigue. Les trois coques furent brisées par la mer en furie, et leurs débris jonchèrent le rivage, ainsi que plusieurs dizaines de tonnes de harengs.

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