17/07/1919 : Saint-André

Saint André (Photo Michel Briand-Ozon)

Je soussigné Placide Laussy, capitaine du chalutier français Saint-André immatricule au port de Fécamp, ayant un tonnage de 138.68 de jauge nette, déclare :

J’ai quitté le port de Saint-Pierre le 30 juin, avec un équipage de 27 hommes. Mon bateau était dans un état parfait de navigabilité. Le 1er juillet nous avons rencontré un autre chalutier, le « Normandie » immatriculé au même port. Ce chalutier a transféré à notre bord un de nos hommes resté en France pour maladie. Après ce transfert, je suis parti pêcher au « Trou Baleine » et j’ai continué à pêcher les jours suivants dans ces parages. J’ai quitté le Banc de Saint-Pierre le 16 juillet aux environs de une heure du matin. J’avais à mon bord 1600/1800 quintaux de morue salée. A 9 heures le lendemain matin, je naviguais en direction de la terre et j’étais entouré d’une brume très épaisse.

Je naviguais avec une grande prudence et j’effectuais plusieurs fois des sondes afin de me permettre d’établir plus exactement ma position. Vers 7 heures du soir, j’ai cru entendre la sirène du phare de la Pointe Plate, mais le son de cette sirène était très faible. J’ai tourné plusieurs fois à faible vitesse dans le but d’essayer d’entendre la sirène de Galantry. N’entendant aucun signal sonore, j’ai donné ordre de gouverner au 125° (S.E. 1/4E).

Vers 8 heures du soir, nous avons aperçu quelques rochers à une courte distance. La brume à ce moment était extrêmement épaisse. J’ai renversé la machine en faisant « arrière toute ». Le navire réussit à reculer environ 150 mètres, mais brusquement il toucha brutalement par l’arrière. Il me fut impossible de faire bouger le bateau, même en remettant la machine en arrière. Nous étions entourés de cailloux de tous cotés et solidement empalés sur ces rochers. Le navire fatiguait beaucoup en cognant sur le fond. Le vent soufflait maintenant de façon modérée et le long du bord, des vagues très courtes rendaient la mer très agitée. J’ai fait mettre les embarcations de sauvetage le long du bord et j’ai donné l’ordre aux hommes d’embarquer dedans sans bousculade, car cette mer agitée fatiguait beaucoup les canots de sauvetage.

J’ai quitté le bord vers 9 heures le soir et c’est à ce moment même que je me suis aperçu que nous étions à la Pointe du Diamant. Avant de quitter le bord j’ai constaté que le fond du navire était déjà troué, car il y avait une hauteur de 1 mètre d’eau dans la machine. Je suis resté sur les lieux du naufrage jusqu’à 9 heures le lendemain matin.

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