24/04/1923 : Raymond

Au printemps 1923 les icebergs étaient très nombreux depuis le point de latitude de Saint-Jean de Terre-Neuve jusqu’à dépassé le point de latitude du Bonnet Flamand, le banc de pêche le plus loin dans l’Atlantique. Deux jours avant, le trois-mâts français « France et Bretagne » avait été la victime d’un de ces icebergs géants parsemés dans l’océan sur une distance considérable.

Le 24 avril, le trois-mâts français « Raymond » immatriculé à Fécamp, jaugeant 420 tonnes, commandé par le capitaine Jean Heuzé, était en route pour les lieux de pêche. La vitesse du navire était de l’ordre de trois nœuds, la brume très épaisse ne laissait qu’une visibilité de l’ordre de 20 à 25 mètres.

Soudain le navire se trouva en présence droit devant d’un énorme iceberg. Il était impossible de manœuvrer assez rapidement pour éviter cette masse de glace, le choc se produisit et il fut fatal pour le pauvre bateau. Fait à signaler, le capitaine du « Raymond » n’avait pas constaté de changement de température avant la collision. Généralement cet abaissement de température est très caractéristique du voisinage des icebergs. Le capitaine prit les mesures nécessaires pour assurer le sauvetage de son équipage.

Les doris furent mis à la mer et on embarqua d’amples provisions au cas où le séjour dans les doris se prolongerait. Ces malheureux ne se faisaient pas d’illusions. Ils savaient qu’ils allaient à la rencontre de nombreuses souffrances de toutes sortes, fatigue, froid, désespoir, et dans les jours qui suivirent, deux marins moururent d’épuisement. Huit doris avaient quitté le « Raymond ». Le capitaine avait donné des instructions pour rester groupés, malheureusement quelques jours plus tard, deux doris se séparèrent dans la brume et disparurent au grand regret de leurs compagnons d’infortune.

Le désespoir commençait à faire ses ravages parmi les équipages des doris perdus sur la mer, lorsqu’ils entendirent à petite distance la corne à brume d’un bateau. Les 28 hommes des doris poussèrent un véritable hurlement de détresse qui fut entendu à bord du navire qui s’approchait. Le capitaine de ce navire mît en « panne » et fit mettre à la mer un doris monté par trois hommes, qui partit faire des recherches aux alentours. Il ne tarda pas à apercevoir les doris et à les guider ensuite vers la bateau sauveteur. Moins d’une heure après les malheureux naufragés se trouvaient sains et saufs à bord du trois-mâts « Carioca » de Saint-Malo. Ils remercièrent chaleureusement le capitaine et l’équipage de ce bateau de les avoir sauvés. Ils remercièrent la providence d’avoir placé sur leur route un bateau sauveteur pour leur permettre de vivre et de retrouver leurs familles, que pendant de longues heures ils avaient bien cru ne jamais revoir.

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