01/01/1997 : Il était une fois l’électricité (Miquelon)

Il était une fois l’électricité (Miquelon)

Par Philippe Detcheverry

1991 restera dans l’histoire de l’électricité à Miquelon une année marquante.

En effet, au moment où les nouvelles installations E.D.F. vont être inaugurées, on fêtera aussi l’anniversaire de cette « fée » qui depuis quarante ans est présente dans tous les foyers du village.

Si Miquelon s’est énormément développé depuis presque un demi-siècle, et ce dans bon nombre de domaines, il en est un qui a effectué un pas particulièrement grand: c’est celui de la production et de la distribution de l’énergie électrique.

Tout a commencé en 1950, lorsque le matériel équipant la base de LAMALINE sur la côte sud de TERRE-NEUVE est démonté. Dans le lot, un groupe électrogène de 25 kw constitué d’un moteur diesel CUMMINS de quatre cylindres attelé sur un alternateur WESTINGHOUSE débitant une tension de 120-208 v pour une fréquence de 60 Hz. A titre d’indication, un groupe électrogène comme celui-là pourrait juste subvenir, aujourd’hui, aux besoins d’une seule maison équipée d’un chauffage électrique.

Un bâtiment était donc construit pour abriter ce moteur, ou plutôt ces moteurs puisqu’un deuxième groupe du même type, mais neuf cette fois devait être installé dans le même temps.

Mis en route notamment par Messieurs Pierre Marie LEBAILLY et Roger LALANNE, aidés de deux Miquelonnais, Messieurs André ILHARREGUY et Clément POIRIER, cette centrale dépendait alors des Travaux Publics avant de devenir Municipale le 1er janvier 1952.

La tension de transport de 2400v était distribuée à travers un réseau aérien de fil nu et aboutissait en 110v chez environ trente abonnés. Ceux-ci ne pouvaient bénéficier de ce confort que de 16h à 24h.

A l’arrivée du troisième groupe, en 1953, et aux vues des nouvelles caractéristiques de ce dernier (50 Hz), les alternateurs des deux premières machines étaient changés au profit d’appareils adaptés à la nouvelle fréquence. Beaucoup de personnes se souviennent certainement de ce moteur de marque BERMEISTER WAINS et plus particulièrement de son volant d’entraînement pesant 2640 kg. Pièce imposante comparée au reste du moteur quine possédait que deux cylindres.

Depuis, plusieurs étapes se sont succédées, parmi lesquelles on peut retenir ces deux dates :

– 19 mars 1963 : production de l’électricité 24 heures sur 24.

– 1975: Mise en place d’un nouveau réseau en câble aérien torsadé. La tension de transport était à l’époque de 4160 v avec postes de transformation l’abaissant à 220-380v.

L’événement le plus important des annees 70 fut sans conteste, la prise en charge de la centrale par l’E.D.F. le 1er janvier 1977.

L’un des premiers projets de la nouvelle direction est la construction, en lieu et place du bâtiment existant, d’un nouveau bloc usine équipé de moteurs diesel d’une seule et même marque. Ceci évitant surtout le problème des pièces de rechange et entraînant de par cette uniformisation, un suivi plus simple des machines. C’est ainsi que six groupes POYAUD d’une puissance totale de 2600 kw furent installés entre 1982 et 1985.

En 1988, devant faire face à une demande toujours croissante, l’E.D.F. décide d’implanter un nouveau complexe électrique. Une première tranche de quatre postes est construite en 1990, première partie d’un projet pouvant allerjusqu’à neuf groupes électrogènes. Trois d’entre eux sont installés dans un premier temps, deux de 1200 kw chacun et un de 800 kw, qui pendant deux ans déjà a été l’unité principale de la centrale en service actuellement. Ce dernier était venu, en effet, renforcer la centrale POYAUD, suite à l’augmentation rapide de la consommation.

Courant 1991, l’Electricité de France disposera donc de deux centrales appelées MIQUELON I et MIQUELON II, d’une puissance totale installée de 5800 kw. (A titre d’indication, la pointe de cet hiver a été de 2000 kw.)

MIQUELON Il, bâtiment possédant une ossature métallique de 120 t environ et recouvert de tôles d’acier beiges et brunes, disposera au rez-de-chaussée d’un atelier mécanique de 100 m2, d’un magasin mécanique d environ 50 m2, d’une salle haute tension composée des différentes cellules de départs et arrivées 15 000 v, d’une salle de batteries nécessaires à l’alimentation des auxiliaires continus 127 v de la centrale. A l’étage, une salle de conduite regroupant tous les contrôles, commandes et mesures des deux centrales sera dotée d’appareils importants. Par exemple l’afficheur digital des températures d’échappement des groupes ou encore le consignateur d’état servant à retranscrire sur imprimante ou sur écran tous les défauts pouvant arriver tant du côté électrique que mécanique. Le reste de ce niveau est occupé par le bureau, la salle d’archives, le réfectoire ainsi que le magasin et l’atelier électrique.

Pour la petite histoire, le groupe de secours propre à MIQUELON II fait à lui seul la puissance de la centrale qui a fourni de l’électricité à Miquelon pour la première fois le 16 octobre 1951.

A noter aussi que la centrale de MIQUELON II possède, attenant à ses deux cuves gas-oil de 300 m3, un deshuileur servant à retraiter toutes les égouttures provenant soit du bac de rétention des cuves fuel, soit de la centrale elle- même. Cet équipement permettra d’éviter toute pollution des sols par hydrocarbures.

La réalisation de toutes ces installations a été effectuée, pour la partie génie civil, par l’entreprise Saint-Pierre Construction et pour la partie électrique et électro-mécanique par l’entreprise CEGELEC. Tout ceci pour un coût d’environ 23 millions de francs.

Côté personnel, E.D.F. Miquelon dispose de 17 agents opérant dans deux secteurs distincts. Neuf assurent le service des quarts, de 6h à 22h, la centrale fonctionnant en automatique la nuit, cinq autres s’occupent de l’entretien de toutes les composantes électriques et mécaniques des centrales, ceux-ci dépendant du secteur Production. Enfin, trois agents, appartenant au secteur Distribution, sont chargés du réseau extérieur jusqu’aux abonnés.

Quarante ans après le premier coup d’envoi, c’est donc une puissance installée multipliée par cent qui permettra aux Miquelonnais d’avoir la satisfaction de pouvoir utiliser tous ces appareils électriques qui ont rendu la vie plus confortable.

(Je tiens à remercier Monsieur André ILHARREGUY pour les renseignements fournis concernant les 25 premières annees de l’histoire de l’électricité à Miquelon.)

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