31/12/1950 : Présentation des Iles Saint Pierre et Miquelon

Présentation des Iles Saint Pierre et Miquelon datant de 1950

(Livret édité par l’agence de la France d’Outre-Mer)

I. GEOGRAPHIE

II. HISTOIRE

III. ECONOMIE

IV. ADMINISTRATION

 

I. GEOGRAPHIE s

  • a) Situation et superficie sL’archipel de Saint-Pierre et Miquelon comprend trois îles principales : Saint-Pierre, Langlade et Miquelon ; en fait ces deux dernières, depuis environ cent soixante-quinze ans, sont reliées l’une à l’autre par un isthme bas et sablonneux. Une dizaine d’îlots, des rochers, des écueils entourent le groupe et rendent dangereuse la navigation.Cet archipel est situé dans l’Océan Atlantique entre 46° 45′ et 47° 10′ de latitude nord et 56° 5′ et 56° 25′ de longitude ouest de Greenwich, c’est-à-dire à six lieues de la côte sud de Terre-Neuve, dont il n’est en somme qu’une dépendance géographique.Il s’étend du nord au sud sur cinquante kilomètres environ et sa superficie totale est de 242 kilomètres carrés (26 pour Saint-Pierre, 216 pour Langlade et Miquelon).Ces îles et ces îlots sont les sommets émergés d’un banc sous-marin que les océanographes désignent par le nom de Banc de Miquelon ; de sorte que, entre l’archipel et Terre-Neuve, on ne trouve guère de profondeur dépassant 200 mètres.

    Lire la suite

08/02/1942 : Morts au champ d’honneur, guerre 1939-1945

CORVETTE ALYSSE (8 FEVRIER 1942)

  •  BOUDREAU, Jean
  • LEMAINE, René
  • PERRIN, Pierre
  • VIGNEAU, Joseph
  • WALSH, Pierre

 CORVETTE MIMOSA (9 JUIN 1942)

  • ADMOND, Émile
  • CLÉMENT, André
  • COLMAY, Roger
  • COUÉPEL, Paul
  • ETCHEVERRIA, Georges
  • FITZPATRICK, François
  • GORIS, Jean
  • GROSVALET, Henri
  • HAMONIAUX, Louis
  • HAYES, William
  • LAFOURCADE, Joseph
  • LE BARS, Emile
  • LE BARS, Eugène
  • LEMOINE, Louis
  • MARCADET, Noël
  • RUFFET, Prosper
  • SLANEY, Armand

AVISO CHEVREUIL (9 OCTOBRE 1942)

APESTÉGUY, Gérard


AUDOUX, Auguste – Gorée (Sénégal), le 3 Octobre 1944

BRY, Pierre – Germersheim (Allemagne) le 11 Avril 1945 (1ere Armée Française)

DESDOUETS, Louis – Paris le 20 Mars 1945 (2- D. B.)

GIRARDIN, Edouard (Marine Marchande)


Campagne d’Indochine

COUÉPEL, Etienne, Cho Lon (Saïgon), le 9 Janvier 1948

15/01/1942 : Foyer Paroissial

Texte extrait du bulletin 217 du Foyer Paroissial

15 Janvier 1942

Un peu de notre Histoire (209)

de 1841 à 1845 inclus

Le budget local.

Le rapport rédigé par M. Guichon de Granpnt, sous-commissaire de la marine, chef du service administratif, traite principalement, entre autres questions secondaires, de la création d’un droit de patente sur les négociants et marchands détaillants, de l’impôt sur les maisons, et du cours fixé des monaies étrangères, la discussion sur ce dernier sujet ayant été d’ailleurs déjà abordée dans de précédentes séances ainsi que les lecteurs ont pu s’en rendre compte, et sur lequel nous reviendrons.

Le doit de patente, écrit le rapporteur, existe dans toutes les autres colonie. Il se justifie par un principe de justice inscrit dans la Charte portant que tous les Français participent suivant leurs moyens aux charges de l’Etat.

C’est à ce moment que s’ouvre la discussion d’ailleurs très intéressantes sur la création de ce droit, entre les conseillers d’administration et les représentants les plus qualifiés du commerce, M.M. Duhamel Joseph, Méliord, gérant de la maison Campion et Théroulde, de Malvilain et d’Aigremont, appelés aux délibérations avec M. Rainaud, trésorier payeur.

On ne peut songer à transcrire intégralement ici les arguments soutenus en faveur ou contre le projet, question si difficile et si complexe à cette époque de notre histoire. Nous nous bornerons donc à faire un résumé ausi succint que possible de l’opinion émise par ceux des membres du Conseil qui prirent la parole, et malgré tout ce sera encore trop long; nous nous en excusons auprès des lecteurs.

M. Duhamel Jh – Je pense que l’établissement d’impôts dans la colonie est une contradiction avec le système de primes. Elle en paie déjà cependant, en proportion de sa population, à peu près autant qu’on en paie en France.

Il n’est pas exact de dire que le commerce de la morue soit beaucoup plus prospère qu’il était autrefois. Il a pris de l’extension, il est vrai, mais la diminution de la prime et le défaut de débouchés font qu’aujourd’hui le négociant se trouve fort heureux lorqu’il fait le pair sur ses produits.

S’il est vrai que le principal objet des établissements des colonies est d’être utile à la métropole, aucune ne la remplit mieux que celle-ci. Sur 250 navires qui viennent à Saint Pierre tous les ans, 200 environs n’y font que les affaires des négociants métropolitains et rien pour la population.

C’est un avantage pour la métropole, mais enfin il est juste qu’elle soutienne la colonie qui la lui procure.

(A suivre)

E.S.

24/12/1941 : Pépin Lehalleur

Extrait des souvenirs de l’Amiral Pépin Lehalleur

L’amiral Muselier avait dit aux Canadiens à Halifax qu’il se dirigeait sur Saint-John’s (Terre-Neuve) … mais pendant la nuit du 23 au 24 décembre 1941, changement de programme ! Nous fîmes route directe sur Saint-Pierre, et dans la lumière indécise de l’aube, les trois corvettes entrèrent dans le port et accostèrent à quai. Le sous-marin Surcouf, trop gros pour entrer dans ce petit port mouilla en rade extérieure. Un petit corps de débarquement sauta à terre et occupa, sans résistance, les bâtiments administratifs : douane, poste, radio et la résidence de l’Administrateur. En vingt minutes tout était terminé, sans un coup de feu. Les gendarmes, seule force armée locale, se rallièrent sur le champ. La population enfin réveillée accourut sur le port et acclama l’Amiral et ses marins. Le « mini coup de force » avait réussi, mais il fallait maintenant faire avaler la pilule aux Anglais et surtout aux Américains.

Les Anglais et les Canadiens restèrent assez indifférents à l’événement, mais les Américains protestèrent violemment et parlèrent même de nous déloger de Saint-Pierre par la force. L’affaire du ralliement de Saint-Pierre et Miquelon a été racontée dans tous ses détails dans le livre remarquable du commandant Heron de Villefosse : « les îles de la Liberté », les passionnés d’Histoire feront bien de s’y reporter.

Le 24 décembre vers dix heures du matin, je me trouvais sur le quai aux côtés de l’amiral qui discutait avec des Saint-Pierrais, lorsque tout à coup, se frappant le front, l’amiral se tourna vers moi et me dit : « Pépin, nous avons oublié de rallier Miquelon … appareille tout de suite avec l’Alysse et débrouille toi. Reviens ici aussitôt l’affaire faite et rends-moi compte par radio … tu as carte blanche ». Ce tutoiement inhabituel me fit comprendre que c’était du « sérieux », puis l’amiral ajouta avec un clin d’oeil amusé … « et que ça se passe en souplesse ». Une heure après l’Alysse ayant à son bord quelques civils miquelonnais à rapatrier, met le cap sur l’île de Miquelon. Arrivé vers 12h3O devant le chef-lieu de l’île, je mouille près d’un petit appontement en bois … calme plat. Il fait très froid, un épais tapis de neige recouvre le paysage désolé, des mouettes tournent dans l’air vif. Je fais monter sur la passerelle un des Miquelonnais et lui dis d’appeler la terre au haut-parleur. Puis j’embarque dans le youyou avec les Miquelorinais et deux matelots aux avirons. Je n’ai emporté aucune arme.

Lire la suite

01/01/1936 : Recherches géologiques et minières

Recherches géologiques et minières effectuées aux Iles Saint-Pierre et Miquelon en 1935
par E. AUBERT de la RUE, ingénieur géologue.

 

Extrait de La Chronique des mines coloniales
Numéro du 1er Janvier 1936

Introduction

La campagne de prospection que je viens d’effectuer d’avril à août 1985 m’a permis d’achever l’étude géologique du groupe, commencée en 1932, et de relever tous les indices de minéralisation qu’il présente. J’ai effectué, au total plus de 1.000 km. d’itinéraires, explorant successivement toutes les différentes parties de l’archipel d’une façon très complète. J’en ai profité pour lever à la boussole la topographie du pays, principalement le cours des rivières et l’emplacement des reliefs et des étangs les plus importants, de manière à pouvoir établir par la suite une carte géologique détaillée de la colonie. J’ai recueilli, au cours de mes recherches et de mes travaux, plus de 800 échantillons de roches, minerais et sables, dont un premier examen fait l’objet de ce rapport.

Première Partie : RESULTATS GEOLOGIQUES

J’avais esquissé, à la suite de ma première mission, la répartition des différentes formations constituant l’archipel, en soulignant alors l’assez grande complexité des terrains rencontrés. Mes récents travaux m’ont montré que la géologie de l’archipel est en réalité plus compliquée encore qu’il ne m’était apparu durant mes précédentes investigations, qui d’ailleurs avaient été très rapides.

En ce qui concerne l’île Saint-Pierre, il n’y à pas de modifications sensibles à apporter à la description que j’en ai faite.

Lire la suite

19/02/1930 : Affaire NEEL Auguste et OLLIVIER Louis

Un Meurtre à l’Ile aux Chiens

La Victime – Les Meurtriers

Audience du Tribunal Criminel – Le Verdict

L’Expiation

Le crime commis fin décembre 1888 à l’Ile aux Chiens ne fut pas un assassinat comme la légende s’en est accréditée dans la Colonie, car il n’y eut ni préméditation, ni guet-apens, mais un meurtre accompagné de vol qualifié.

Voici d’ailleurs les faits tels qu’ils résultent de l’information judiciaire.

Dans la journée du lundi 31 décembre 1888, la paisible population de l’Ile aux Chiens était mise en émoi. Le père COUPARD François, marin pêcheur âgé de 61 ans, célibataire, était trouvé mort dans sa cabane de pêche, le corps horriblement mutilé.

Ce vieillard avait un avant qui habitait avec lui. Si ces deux hommes avaient entre eux de fréquentes altercations, du moins, ces disputes ne dégénéraient jamais en pugilat. Cependant, au cours de la nuit précédente, les époux JUIN, proches voisins de COUPARD, entendirent un bacchanal effroyable, on chantait. Ces bruits les tinrent éveillés une partie de la nuit. Vers huit heures du matin, ils s’empressèrent d’aller faire leurs déclarations à la police au sujet du potin qu’on avait fait à côté d’eux. Les gendarmes DANGLAS et BONNAUX se rendirent immédiatement chez le père COUPARD, mais à part certains dégâts insignifiants, tels qu’un bris de vitres, ils ne remarquèrent rien d’anormal ; la cabane était vide. Les constatations des agents avaient été trop hâtives car les dégâts étaient au contraire assez importants ainsi qu’on le verra dans la suite ; on peut même s’étonner qu’ils aient pu passez inaperçus aux yeux des gendarmes.

Ce n’est que dans l’après-midi vers deux heures, que deux amis de COUPARD, MM. POIRIER et FOURRE se rendirent chez lui emprunter une paire de bottes…. Quelle ne fut pas leur surprise de voir le tambour démoli et la fenêtre brisée. Ayant pénétré dans la cabane et soulevé une voile de wary étendue dans un coin, ils y découvrirent le cadavre absolument nu du malheureux pêcheur COUPARD.

Lire la suite

01/01/1924 : 1er numéro du Foyer Paroissial

Page d’introduction

A nos cher paroissiens
de St-Pierre, de l’Ile, et de Miquelon

Chers amis

Je vous présente le premier numéro du Bulletin que vous attendez. Et je suis sûr que vous lui ferez un sympathique acceuil.

Ce Bulletin permettra à vos prêtres d’être davantage, et plus intimement en contact avec vous, et de pénétrer là où leur parole sacerdotale n’arrive pas toujours à se faire un écho.

Il vous fera connaître régulièrement, au moins tous les mois, les évènements les plus importants de la vie paroissiale de nos Iles, et vous intéressera ainsi à ce qui se passe chez nous.

Il ne sera pas un instrument de combat; il ne s’abaissera pas à des polémiques de personnes. Son rôle sera d’éclairer, de récréer, de pacifier, de maintenir parmi nous une atmosphère de sympathie.

Vous le lirez, vous le relirez, pendant nous longues soirées d’hiver surtout.

Il vous édifiera aussi; et vous profiterez des enseignements qu’il vous apporte. Ceux-ci, bénis de Dieu, ne pourront que favoriser les intérêts spirituels et matériels de vos foyers.

C’est mon voeu le plus sincère.

CH. HEIITZ,
Préfet apostolique.


Page 5 de ce même bulletin.

Un peu de statistique.

 Le dernier recensement (1921) accuse, pour la seule commune de St-Pierre, 2984 habitants, actuellement ce nombre est dépassé.

Lire la suite

11/10/1909 : Rapport présenté au congrès des anciennes colonies

RAPPORT ET COMMUNICATION PRESENTES AU CONGRES DES ANCIENNES COLONIES

(11-18 OCTOBRE 1909)

M. Gustave DAYGRAND
Président d’honneur de la Chambre de Commerce de Saint-Pierre et Miquelon.
Vice-Président du Comité de défense des intérêts de Saint-Pierre et Miquelon
M. Alcide DELMONT
Avocat à la Cour d’appel de Paris
Secrétaire général du Comité de défense des intérêts de Saint-Pierre et Miquelon

Publié par le Comité de Défense des Intérêts des Iles Saint-Pierre & Miquelon

LA RUINE DES ILES SAINT-PIERRE ET MIQUELON
LES RÉFORMES NÉCESSAIRES – L’AVENIR DE LA COLONIE

Rapport de M. Alcide DELWONT,

Avocat a la Cour d’Appel de Paris, Délégué au Comité Consultatif du Commerce de l’Agriculture et de l’Industrie des Colonies. Parmi tous ceux qui s’intéressent au développement et à la prospérité de nos colonies, il n’est personne qui n’ait été vivement frappé, ces dernières annees, par la lamentable situation dans laquelle sont tombées les îles Saint-Pierre et Miquelon. Nous assistons à une véritable déchéance économique de cette vieille colonie autrefois si prospère. A diverses reprises, au Parlement, dans la presse, des cris d’alarme ont été jetés qui, malheureusement, n’ont pas été suffisamment entendus, puisque, à l’heure actuelle, les pouvoirs publics n’ont encore réalisé aucun effort sérieux pour sauver ce malheureux pays de la ruine définitive qui le menace.

LES CAUSES. L’application du Tarif général des Douanes.

Lire la suite

31/12/1889 : Billets de banque

Avant 1889, les transactions économiques se font en doublons mexicains, en dollars américains et canadiens. Il n’existe qu’une institution bancaire, l’agence locale de la ‘Merchants Bank of Canada’.

 

 

En 1889, un armateur originaire du pays basque, Saint-Martin Légasse, fonde la Banque des Iles Saint-Pierre et Miquelon. Très vite, devant la rareté des billets de banque français, cette banque est autorisée par la Banque de France à émettre ses propres billets de 27 et 54 Francs (seul cas en France de valeurs faciales non multiples de 5) correspondant à la contrepartie de 5 et 10 dollars au taux stable de 5.40 Francs par dollar. L’émission est de 4000 billets de 27 Francs et 2000 billets de 54 Francs. Ces coupures ont circulé jusqu’après la fin de la première guerre mondiale.

 

 

Ce sont ensuite les billets ‘Banque de France’ qui sont utilisés jusqu’en 1943.

La Caisse Centrale de la France Libre créée à Londres le 2 décembre 1941 est chargée par ordonnance du 4 décembre 1942 d’assurer la couverture monétaire dans les Iles, le cours légal étant retiré aux billets ‘Banque de France’ à compter du 11 janvier 1943.

Des billets de type anglais, imprimés à Londres sont émis par la Caisse Centrale de la France Libre puis par la Caisse Centrale de la France d’Outre-Mer.

Le billet de 100 Francs a été choisi pour illustrer le timbre du cinquantenaire du 2 décembre 1991.

Circulent ensuite les billets CFA (Communauté Financière Afriquaine) avec la mention Saint-Pierre et Miquelon, signés par Postel-Vinay, Directeur général de la Caisse Centrale, dont la parité est de 100 F CFA pour 170 Francs métropolitains portés a 200 Francs en 1948.

Il y avait le 5 Francs (Bougainville), le 10 Francs (Colbert), le 20 Francs (Emile Gentil), le 50 Francs (Belain d’Esnambuc), le 5000 Francs (Schoelcher), le 1000 Francs (Union-Française) sur lequel était portée la contre-valeur 20 Nouveaux Francs (Pinay) et le 100 Francs (contre-valeur de 2 Nouveaux Francs).

Les Francs CFA sont utilisés dans l’archipel jusqu’au 01/01/1973, date à laquelle ils ont été remplacés par le nouveau franc (en service en métropole depuis 1960).

Un stock de ces nouveaux francs est arrivé sur l’archipel en novembre 1972 sur un avion militaire transall avec une compagnie de gendarmes.

01/01/1845 : Chateaubriand

CHATEAUBRIAND (François René, vicomte de)
né à Saint-Malo le 4 septembre 1768, mort à Paris le 4 juillet 1848.<
Extrait de ‘Mémoires d’Outre-Tombe‘ (L 6 Chapitre 5)


Jeux marins. – Ile Saint-Pierre.

Fac pelagus me scire probes, que carbasa laxo.

 » Muse, aide-moi à montrer que je connais la mer sur laquelle je déploie mes voiles. « 

C’est ce que disait, il y a six cents ans, Guillaume le Breton, mon compatriote. Rendu à la mer, je recommençai à contempler ses solitudes ; mais à travers le monde idéal de mes rêveries, m’apparaissaient, moniteurs sévères, la France et les événements réels. Ma retraite pendant le jour, lorsque je voulais éviter les passagers, était la hune du grand mât ; j’y montais lestement aux applaudissements des matelots. Je m’y asseyais dominant les vagues.

L’espace tendu d’un double azur avait l’air d’une toile préparée pour recevoir les futures créations d’un grand peintre. La couleur des eaux était pareille à celle du verre liquide. De longues et hautes ondulations ouvraient dans leurs ravines, des échappées de vue sur les déserts de l’océan : ces vacillants paysages rendaient sensible à mes yeux la comparaison que fait l’écriture de la terre chancelante devant le Seigneur, comme un homme ivre. Quelquefois, on eût dit l’espace étroit et borné, faute d’un point de saillie ; mais si une vague venait à lever la tête, un flot à se courber en imitation d’une côte lointaine, un escadron de chiens de mer à passer à l’horizon, alors se présentait une échelle de mesure. L’étendue se révélait surtout lorsqu’une brume rampant à la surface pélagienne, semblait accroître l’immensité même.

Descendu de l’aire du mât comme autrefois du nid de mon saule, toujours réduit à une existence solitaire, je soupais d’un biscuit de vaisseau, d’un peu de sucre et d’un citron ; ensuite, je me couchais, ou sur le tillac dans mon manteau, ou sous le pont dans mon cadre : je n’avais qu’à déployer le bras pour atteindre de mon lit à mon cercueil.

Lire la suite